Le Synode sur la synodalité, commencé en octobre 2021, s’est achevé à Rome le 26 octobre 2024, avec la publication d’un Document Final, contenant « des indications très concrètes qui peuvent servir de guide pour la mission des Églises, sur les différents continents, dans des contextes différents » : c’est pourquoi le pape François le met « immédiatement à la disposition de tous, en reconnaissant « la valeur du chemin synodal accompli ».
Revenons brièvement sur la notion de synodalité dans ces extraits du Document Final : « La synodalité est la marche commune des chrétiens avec le Christ et vers le Royaume de Dieu, en union avec toute l’humanité [...]. La synodalité est une dimension constitutive de l’Eglise [..], un chemin de renouveau spirituel et de réforme structurelle pour rendre l’Église plus participative et missionnaire, c’est-à-dire pour la rendre plus capable de marcher avec chaque homme et chaque femme en rayonnant la lumière du Christ » (§28).
Ce Document final, au § 11, souligne que « l’appel à la mission est indissociable d’un appel à la conversion, tant pour chaque Église locale que pour l’Église universelle ». Nous sommes donc invités à une véritable « conversion synodale », et à un « renouveau spirituel » afin de porter davantage de fruits dans la mission au service des hommes et des femmes de ce temps.
Ce texte comporte cinq parties. La première, intitulée Le coeur de la synodalité, montre que nous sommes tous « appelés par l’Esprit Saint à la conversion » : « conversion des sentiments, des images et des pensées qui habitent nos cœurs », et « conversion de l’agir pastoral et missionnaire ». La deuxième partie, intitulée Ensemble, sur la barque, examine « la conversion des relations » au sein de la communauté chrétienne, à travers l’interaction des vocations, charismes et ministères. La troisième partie, « Jetez les filets » demande une « conversion des processus » et d’initier des voies de « transformation missionnaire ». La quatrième partie, intitulée Une pêche abondante, insiste sur « la conversion des liens », afin de « construire ensemble, en frères et soeurs, dans un esprit d’échange et d’aide réciproque (cf. GS 40), la justice, la fraternité, la paix et le dialogue interreligieux » (§123). La cinquième partie, « Moi aussi je vous envoie », demande de « prendre soin » et de « former un peuple de disciples missionnaires » pour favoriser « la prise de conscience que les dons reçus au baptême sont des talents à faire fructifier pour le bien de tous » (§141).
Il est important de souligner que les participants, hommes et femmes, laïcs, clercs et religieux, ont vécu dans les différentes assemblées depuis 2021 une véritable expérience ecclésiale, joyeuse et riche de rencontres et de partages fraternels, dans la diversité et l’altérité. Arrêtons-nous sur l’outil incontournable de leurs échanges, « la Conversation dans l’Esprit », qui a permis « l’écoute et le discernement de "ce que l’Esprit dit aux Églises" (Ap 2, 7). Sa pratique lors de ce synode « a suscité joie, étonnement et gratitude ; elle a été vécue comme un chemin de renouveau qui transforme les individus, les groupes et l’Église » (§45).
En rappelant que tous les fidèles ont été consultés pendant la première phase du synode, nous pouvons préciser ici ce qu’est le « sens de la foi » (sensus fidei) commun à tous les baptisés, remis à l’honneur dans ce Document : « Grâce à l’onction de l’Esprit Saint reçue au baptême (cf. 1 Jn 2, 20.27), tous les croyants possèdent un instinct pour la vérité de l’Évangile, appelé sensus fidei. […] Dans l’Esprit Saint, les baptisés "sont rendus participants de la nature divine" (DV 2) [et peuvent] « saisir intuitivement ce qui est conforme à la vérité de la révélation dans la communion de l’Église » (§22), et exercer ainsi un discernement qui a toute sa légitimité.
Le Document Final va même plus loin : « Par le baptême, tous les chrétiens participent au sensus fidei. C’est pourquoi le baptême n’est pas seulement le principe de la synodalité, mais aussi le fondement de l’œcuménisme. "Le chemin de la synodalité, que l’Église catholique est en train de parcourir, est et doit être œcuménique, de même que le chemin œcuménique est synodal" (Pape François, 2022) ». A ce titre, la présence de « délégués fraternels » issus des quatre grandes traditions chrétiennes a permis de vivre pendant les assemblées synodales « le cheminement œcuménique avec les autres chrétiens, en vertu de notre baptême commun » et leur « participation a enrichi les travaux de l’assemblée » (§40).
Désormais, la phase de réception et de mise en œuvre peut donc commencer, en intégrant dans nos pratiques ecclésiales ce processus synodal qui suggère « des pistes à suivre, des pratiques à mettre en oeuvre, des horizons à explorer » (§12), et adopte « des formes créatives de ministère et de mission, expérimentant et évaluant de nouvelles approches » (Pape François). Le paragraphe 9 du Document Final insiste en effet sur le fait que « Le processus synodal […] comprend la phase de mise en œuvre de la synodalité au sein de nos communautés respectives ». Il nous est demandé, dans nos différentes réalités ecclésiales, de poursuivre notre chemin quotidien en consultant, discernant, imaginant des parcours de formation et d’évaluation « des progrès réalisés en matière de synodalité et de participation de tous les baptisés à la vie de l’Eglise ».
Il est donc évident que « les fidèles laïcs, hommes et femmes, doivent se voir offrir davantage de possibilités de participation, en explorant également d’autres formes de service et de ministères en réponse aux besoins pastoraux de notre temps, dans un esprit de collaboration et de coresponsabilité différenciée » (§77). Il s’agira d’aborder une nouvelle manière de prendre des décisions en Eglise, caractérisée par une « participation la plus large possible » (§82) en faisant appel « à tous les dons de sagesse que le Seigneur distribue dans l’Église » (§81). L’enjeu est de mettre en oeuvre ces processus de discernement ecclésial pour la mission, « enracinés dans le sensus fidei communiqué par l’Esprit à tous les baptisés » (§81).
Les délégués synodaux ont reconnu aussi dans la prière et le dialogue fraternel que « le discernement ecclésial, le soin apporté aux processus décisionnels, l’engagement à rendre compte de nos actions et à évaluer le résultat des décisions prises, sont des pratiques par lesquelles nous répondons à la Parole qui nous indique les voies de la mission (§79) ».
« Tant de maux qui affligent notre monde se manifestent également dans l’Église » (§55) : La crise des abus et la place des femmes dans l’Eglise n’ont pas été écartés des débats et ont montré combien le chemin est encore long vers la reconnaissance, la réconciliation et l’accompagnement de leurs souffrances.
Le Document Final évoque aussi pour tous les baptisés une formation « au témoignage, à la mission, à la sainteté et au service, qui mette en relief la coresponsabilité (§80) », et soit « intégrale, continue et partagée » (§143). Cette formation nous invite à « s’engager dans des processus décisionnels fondés sur le discernement ecclésial et assumer une culture de la transparence, du rendre-compte et de l’évaluation (§80) ».
Enfin, il insiste aussi sur une bonne compréhension de la théologie grâce à « des réponses et un langage appropriés pour la mission […]. La synodalité ecclésiale engage donc les théologiens à faire de la théologie de manière synodale, en promouvant entre eux la capacité d’écouter, de dialoguer, de discerner (§ 67) » et ainsi à promouvoir de nouvelles pédagogies.
Pour conclure, ce document est précieux pour la vie de l’Eglise et pour notre diocèse de Langres.
Prions pour que la Vierge Marie « nous apprenne à être un peuple de disciples missionnaires qui marchent ensemble : une Église synodale » (§155).
