Eglise catholique de Haute-Marne
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      Bonne fête de la Toussaint !

Bonne fête de la Toussaint !

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En ce 1er novembre toute l’Eglise fête la Toussaint. Monseigneur de Metz-Noblat profite de cette occasion pour revenir sur les origines de cette fête et sur le sens chrétien de la mort.


«  1) Nous mélangeons souvent Halloween et la Toussaint : l’un fête les morts terrestres, l’autre les vivants célestes. Quelles sont les origines de ces deux jours en soit liés mais qui pourraient paraître contradictoires ?

Nos ancêtres celtes concevaient l’année coupée en deux saisons : la saison froide et la saison chaude. La première démarrait le 1er novembre, par une fête appelée Samain, au cours de laquelle on honorait les morts, et particulièrement ceux qui avaient perdu la vie lors des combats. L’hiver, en effet, est la période rude, où le froid règne, où le vent souffle sous les portes, où les nuits sont plus longues ; bref la période où les esprits sont plus à même de venir importuner les vivants. D’où ce rituel, qui a pour but « d’apaiser » les défunts, voire de leur faire peur… C’est l’origine de la fête d’Halloween, qui est très populaire aux Etats-Unis où elle a été introduite par les Irlandais, et que l’on tente de réintroduire en Europe, pour des raisons commerciales, depuis une trentaine d’années.

La seconde démarrait le 1er mai, par une fête appelée Beltaine, au cours de laquelle on se réjouissait de la vie nouvelle qui fleurit au printemps. Certaines régions françaises ont ainsi conservé la coutume d’honorer les jeunes filles à marier, sources potentielles de vie, par la pose d’arbrisseaux (les « mais ») devant leur maison.

2) Pourquoi avoir instauré un « jour des morts » le 2 novembre ? N’est ce pas redondant ?

C’est au IXème siècle que le 1er novembre a été dédié à la fête de tous les saints. C’était une manière de dire aux chrétiens : « N’ayez pas peur des morts : ils sont appelés à la vie ! » En substituant cette fête des vivants, il était ainsi dit que la Résurrection du Christ l’emporte sur la mort. Mais comme les gens venaient toujours au cimetière ce jour-là, dès la fin du Xème siècle une journée spécifique de prière pour les défunts est pratiquée à l’abbaye de Cluny, puis dans l’ensemble de l’Eglise. Nous savons très bien que le deuil est un moment triste ; la fête de la Toussaint vient le marquer d’espérance.

3) Quel sens les funérailles chrétiennes donnent-elles à la mort ?

Avant de répondre à cette question, il faut préciser que le rituel funéraire est une spécificité humaine. En effet, les animaux ne se préoccupent pas de leurs morts, ni au moment du décès, ni après. Les hommes sont les seuls êtres à exprimer la conscience d’un au-delà, notamment dans les rites funéraires et la mémoire des défunts. De nombreuses civilisations expriment ainsi la croyance en une vie après la mort : ainsi en Egypte, le pharaon est-il enterré dans une vaste maison, la pyramide, avec son mobilier, sa nourriture… et tout son personnel.

Pour les chrétiens, les rites d’ensevelissement trouvent leur sens dans la foi en la Résurrection du Christ, par laquelle le fidèle est passé au jour de son baptême. Les cierges allumés, l’eau bénite, en sont le rappel. La mort n’est pas une fin, elle est un passage – comme l’exprime le terme de « trépas » – de la vie ici-bas à la vie dans l’au-delà. Avec les deux possibilités, la joie avec Dieu ou la détresse loin de Lui, selon ce que Jésus enseigne dans l’Evangile. Communément, nous appelons cette joie « paradis » et cette tristesse « enfer » (c’est-à-dire l’enfermement sur soi, dans le refus d’aimer vraiment).

Les funérailles sont donc l’accompagnement du défunt par la prière, pour qu’il soit reçu dans la plénitude de la vie et de la joie ; elles sont aussi l’accompagnement de sa famille, pour qu’elle dépasse la tristesse de la séparation pour entrer dans l’espérance de la communion.

4) Pourquoi le corps est-il sacré ? Pourquoi parle-t-on de « dignité humaine » ?

Le corps n’est pas une réalité accessoire de notre personne, un support anecdotique voire une prison dont il faudrait se libérer. Il est notre consistance : les événements de notre vie qui viennent le marquer façonnent notre personnalité. L’être humain est corps et âme ; cette expression a longtemps été interprétée comme une opposition entre deux éléments disjoints, quand ils s’avèrent complémentaires ! Le respect du corps exprime le respect envers l’ensemble de la personne. C’est le lien entre Dieu et l’homme, tissé dès la création (« Dieu créa l’homme à son image » Gn 1, 27) et renforcé dans l’incarnation (le Fils de Dieu se fait homme pour que l’homme devienne fils de Dieu, dit S. Irénée), qui génère cette dignité humaine. Les rites funéraires vont marquer particulièrement ce respect, comme le geste de l’encensement, traditionnellement réservé à Dieu…

Le corps n’est pas uniquement le propre de notre existence individuelle ; il est aussi celui de notre existence sociale, puisque c’est par le corps que nous entrons en relation avec autrui. Certes, l’apparence ne révèle pas le cœur, mais notre corps assure notre présence de manière privilégiée, dans notre famille, notre lieu de vie ou de travail. C’est pourquoi le respect dû au corps passe par la reconnaissance de sa dimension sociale. D’ailleurs les rites funéraires sont des rites collectifs. La tentation est grande aujourd’hui de privatiser la mort, comme si le défunt n’appartenait qu’à un petit groupe de privilégiés (cercle familial ou amical) sans impact sur l’ensemble de la société, comme si son retrait de ce monde ne concernait personne…

5) Comment l’Eglise manifeste-t-elle ce respect de la dignité sociale ?

C’est toute une communauté qui se rassemble pour accompagner le défunt (c’est-à-dire, littéralement, celui « qui a perdu sa fonction » en son sein). C’est pourquoi il ne peut pas y avoir à l’église de funérailles dans l’intimité ! Autant aller au cimetière tout de suite, en catimini… « Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même » écrit saint Paul (Rm 14, 7). Parce que notre vie est constituée de relations, qui font que nous nous rendons vivants mutuellement, jusque dans la mort sont manifestées ces relations, dans la charité du Christ. J’ai malheureusement constaté que ceux qui demandent des obsèques dans l’intimité veulent souvent priver certaines personnes du dernier au-revoir, pour des motifs plus ou moins justes, y compris la vengeance. C’est le contraire de notre foi, qui remet chacun de nous à la bonté de Dieu, malgré les faiblesses humaines…

Bonne fête de tous les saints. Que les vivants comme les morts connaissent la joie dans l’unique Amour de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint ! »

+ Joseph de Metz-Noblat, évêque de Langres

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toussaint.catholique.fr

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